Définition et mécanismes
Les mécanismes impliqués peuvent être :
- Choc direct : coup porté à la tête par un objet ou lors d’un accident.
- Mouvements de rotation violents : affectant les structures cérébrales internes.
- Phénomène d’accélération-décélération : typique des traumatismes routiers et du syndrome du bébé secoué.
Les causes sont : les chutes (elles sont la principale cause de traumatisme crânien léger chez les enfants), les accidents de la circulation, les accidents domestiques, les blessures sportives et les violences.
Chez les nourrissons de moins d’un an, le cas particulier du syndrome du bébé secoué est une cause de TC non accidentel. En France, plusieurs centaines d’enfants par an sont victimes de cette forme de maltraitance et beaucoup ne seraient pas diagnostiqués en raison de l’absence de dépistage et de sous-déclaration
Classification du traumatisme crânien chez l’enfant
Comme chez les adultes, les catégories de sévérité des TC sont définies par plusieurs éléments, selon le tableau ci-dessous.
Catégories de sévérité du TCC
Léger | Modéré | Sévère | |
---|---|---|---|
GCS initial | 13 – 15 | 9 – 12 | 3 – 8 |
Durée de coma | < 30 minutes | 30 minutes – 24 heures | > 24 heures |
Durée d’APT | 0 – 1 jour | Entre 1 et 7 jours | > 7 jours |
Le score de coma de Glasgow initial (GCS) correspond au degré de coma à l’arrivée des secours ou à l’arrivée à l’hôpital, il va de 3 (coma profond, aucune réponse) à 15 (conscience normale). Il existe un score de coma de Glasgow spécifique à l’enfant.
L’amnésie post-traumatique (APT) est la période après l’accident pendant laquelle l’enfant est confus, désorienté, il oublie ce qui se passe ; la durée d’amnésie post-traumatique correspond à la durée écoulée entre le moment de l’accident et le moment où le patient sort de cet état
Évolution et conséquences selon l’âge et la gravité
L’évolution d’un TC dépend de plusieurs facteurs : l’âge de l’enfant, la gravité du traumatisme, la prise en charge et les éventuelles complications.
Traumatismes crâniens légers (TC léger, GCS 13-15) | Traumatismes crâniens modérés à sévères (GCS ≤ 12) | |
Chez le nourrisson (0-2 ans) Le cerveau est en pleine croissance et hautement plastique, mais aussi très vulnérable. | Risque accru d’hématome sous-dural Irritabilité, troubles du sommeil, pleurs inconsolables. Difficulté d’évaluation des symptômes subjectifs (céphalées, nausées). Vulnérabilité aux commotions répétées | Risque d’œdème cérébral avec hypertension intracrânienne. Troubles du développement psychomoteur (retard acquisition langage, marche). Séquelles neurologiques possibles (épilepsie post-traumatique). |
Chez l’enfant (2-10 ans) Le cerveau est en pleine croissance et hautement plastique, mais aussi très vulnérable. | Possible syndrome post-commotionnel (céphalées, troubles de l’attention, irritabilité). Vomissements fréquents post-TC, parfois sans gravité. Sensibilité aux stimuli (lumière, bruit). Vulnérabilité aux commotions répétées | Troubles cognitifs : déficit attentionnel, mémoire altérée. Troubles moteurs ou spastiques si atteinte cérébrale diffuse. Difficulté d’adaptation scolaire et sociale à long terme. |
Chez l’adolescent (10-18 ans) La maturation des lobes frontaux et préfrontaux, responsables des fonctions exécutives et de la prise de décision, est encore incomplète. | Récupération souvent rapide mais vulnérabilité aux commotions répétées (syndrome du second impact). Troubles de l’humeur, fatigue, céphalées persistantes. Impact possible sur la concentration et la performance scolaire et qui pourrait passer inaperçu : il faut y penser dans les semaines suivant le TC. Vomissements et sensibilité aux stimuli | Impact plus marqué sur les fonctions exécutives (prise de décision, impulsivité). Risque accru de troubles psychiatriques post-TC (dépression, anxiété). Fatigabilité cognitive et risque de décrochage scolaire. |
Même si le traumatisme crânien est dit « léger » en terme de sévérité initiale, il peut avoir des conséquences sur le fonctionnement cérébral, en particulier dans les jours qui suivent. Ils sont fréquents et souvent bénins, mais peuvent entraîner des symptômes transitoires.
Conseils et surveillance pour les 48h après la commotion
Pendant 48h, il vous faut appeler le 15 si l’un de ces signes apparaît ou s’intensifie :
- Maux de tête importants inhabituels
- Vomissements répétés
- Somnolence majeure, difficulté à se réveiller
- Perte de conscience, convulsions
- Troubles du comportement, de la vision, de la parole
- Difficultés à bouger un membre
- Perte d’équilibre, difficultés à la marche
- Écoulement de sang ou de liquide par le nez ou les oreilles
La présence d’un adulte accompagnant est indispensable pour la surveillance des 48 premières heures.
Durant cette période, votre enfant doit se reposer : il est important de limiter ses activités. S’il est fatigué il ne doit pas forcer, faire des pauses. Il est normal d’avoir besoin de dormir beaucoup.
Il faut limiter les écrans et les stimulations lumineuses/sonores intenses.
L’arrêt de l’école peut être nécessaire un ou plusieurs jours en fonction des symptômes et de la gravité du TC, pour permettre de se reposer à la maison. Même s’il peut retourner à l’école rapidement, il faut penser à informer les professeurs de cet événement.
Il ne faut pas faire d’activité sportive durant cette période. Evitez tout nouveau choc sur la tête.
Le scanner et l’IRM ne sont pas nécessaires pour le diagnostic. Dans le cadre d’un TCL ils sont le plus souvent normaux. Des examens d’imagerie peuvent être nécessaires si des symptômes préoccupants sont présents, par exemple si la perte de connaissance est prolongée, ou si des vomissements répétés apparaissent. Les imageries servent généralement uniquement à exclure une éventuelle lésion cérébrale qui pourrait nécessiter une intervention médicale ou chirurgicale. Moins de 1 % des enfants évalués après traumatisme crânien léger ont besoin d’une intervention neurochirurgicale.
- Les symptômes post-commotionnels
Ensuite, parfois après quelques jours de décalage, il est normal d’avoir certains symptômes, appelés « symptômes post commotionnels ». Ils sont liés à une modification temporaire du fonctionnement du cerveau en réaction au choc. Les symptômes post-commotionnels se répartissent en trois grands groupes de symptômes : les symptômes comportementaux ou émotionnels, les symptômes cognitifs (du fonctionnement intellectuel), les symptômes physiques (dont les troubles du sommeil).
Chez l’enfant ces symptômes peuvent se traduire par une fatigue, des difficultés à se concentrer, à retenir des informations, à suivre les cours et à faire les exercices à l’école.
Symptômes post-commotionnels les plus courants | |||
Pensée | Problèmes de concentration / mémoire Ralentissement de la pensée Difficulté à trouver ses mots | Physique | Vertiges Maux de tête Troubles de vision, d’audition |
Emotion et humeur | Nervosité et anxiété Sentiment de tristesse | Sommeil | Difficultés d’endormissement ou réveils nocturnes Besoin accru de sommeil |
Dans la grande majorité des cas les symptômes post-commotionnels s’atténuent et disparaissent progressivement spontanément. Ils durent habituellement de 1 à 2 semaines, mais peuvent persister avec moins d’intensité durant 4 à 6 semaines. Si les symptômes sont toujours présents au bout d’un mois, votre médecin traitant vous orientera vers une consultation de Neuropédiatre ou de médecin de Médecine Physique et de Réadaptation.
- Conseils dans les jours et semaines suivant le traumatisme crânien léger (TCL)
Après les 48 premières heures, il est conseillé de reprendre progressivement les activités. Le repos complet est déconseillé : il faut en faire « ni trop, ni trop peu ». Mais si votre enfant présente encore des symptômes, il faut qu’il reste le plus possible au calme.
- Activités physiques et scolarité à reprendre de manière légère, puis modérées, puis comme avant
- Les activités physiques peuvent généralement se reprendre plus rapidement que les activités intellectuelles
- Garder un rythme de vie régulier (alimentation, sommeil)
- Eviter toujours les excès d’écrans ou de stimulations s’ils majorent les symptômes
- Eviter toute situation à risque de nouveau traumatisme crânien
La plupart du temps, ces mesures simples suffisent pour que les symptômes post-commotionnels rentrent dans l’ordre, en favorisant la récupération.
Si ces symptômes gênent la scolarité, il faut en discuter avec les enseignants, le médecin traitant et le médecin scolaire qui peuvent décider de mettre en place des aménagements du rythme scolaire, une adaptation pédagogique.
Nous vous conseillons de vous référer à ce document issu de « Concussion Awareness Training Tool (CATT)/BC Injury Research and Prevention Unit » pour vous aider dans le retour à l’école
En cas de survenue du traumatisme crânien en pratique sportive, vous trouverez des informations plus spécifiques dans l’onglet correspondant lien vers Particularités de la commotion cérébrale en pratique sportive (dans TCL chez l adulte).
Pour les professionnels de santé : il existe un outil spécifique pour les enfants de 5 à 12 ans le SCAT 5
En cas de traumatisme crânien grave, l’enfant sera hospitalisé, et sera alors évalué par un pédiatre. La prise en charge et le parcours de soins varie en fonction de la gravité, de l’âge, de l’évolution, du lieu de prise en charge et du lieu de vie.
A l’issue de la prise en charge initiale, lorsque l’enfant est stabilisé, le suivi médical et souvent la prise en charge rééducative doit être poursuivie. Certains enfants poursuivront la rééducation dans un Service de Soins Médicaux et de Réadaptation (SMR) pédiatrique. Il s’agit de centres de rééducation fonctionnelle adaptés aux enfants ayant des séquelles motrices ou cognitives importantes et qui proposent une prise en charge pluridisciplinaire incluant kinésithérapie, ergothérapie, orthophonie et neuropsychologie ; et parfois orthoptie, soutien psychothérapeutique, éducateurs, etc.
Quand la récupération le permet et que l’enfant peut rentrer à la maison, la rééducation peut aussi être faite en libéral avec kinésithérapeute, orthophoniste, ergothérapeute, etc. Vous trouverez des informations détaillées sur ces professionnels ici > lien onglet Parcours de Soins/Autres professionnels.
En parallèle, un parcours de vie se met en place. Les dispositifs d’aide sont nombreux et des adaptations de la scolarité peuvent être nécessaires et sont détaillés dans Parcours de vie . Toutes ces adaptations nécessitent un travail de coordination entre professionnels de santé, enseignants, orthophonistes et psychologues scolaires pour un accompagnement global.
Les principales structures, acteurs et professionnels de santé sont accessibles dans la cartographie .
Soutien aux parents : accompagnement par des associations spécialisées et groupes de parole pour gérer les conséquences du TC dans la vie quotidienne.